La question de savoir si l’on peut cumuler démission et chômage est au cœur des préoccupations de nombreux salariés en France. En effet, quitter volontairement un emploi conduit souvent à craindre une situation financière précaire en raison de la rupture soudaine des revenus. Pourtant, plusieurs mécanismes légaux et dispositifs ont été mis en place pour accompagner ceux qui souhaitent changer de carrière, créer leur activité ou simplement rebondir professionnellement sans tomber dans l’exclusion sociale. Comprendre ces conditions spécifiques mérite toute notre attention afin de pouvoir envisager sereinement une démission, sans crainte immédiate de se retrouver sans ressource. Le système d’assurance chômage évolue, faisant émerger des possibilités souvent méconnues, et invite à repenser la rupture contractuelle comme un tremplin plutôt qu’un échec. Explorons ensemble la complexité de cette relation entre démission et indemnisation, en détaillant les cas d’exception, les démarches à suivre et les perspectives offertes en 2025.
Démission et droit au chômage : les fondamentaux à connaître
La règle générale veut qu’une démission ne donne pas accès aux allocations chômage. En effet, selon l’Assurance chômage, seuls les salariés involontairement privés d’emploi, comme en cas de licenciement ou de fin de contrat à durée déterminée, peuvent prétendre à l’allocation de retour à l’emploi (ARE). La démission constitue, par définition, une rupture unilatérale et volontaire du contrat de travail, elle exclut donc le droit automatique aux indemnités chômage.
Cette disposition résulte d’un équilibre nécessaire : la protection sociale doit garantir des droits aux personnes privées d’emploi sans faute de leur part, évitant ainsi les situations où un départ volontaire serait un levier abusif pour toucher l’allocation chômage.
Cependant, les réalités du marché du travail et la volonté de soutenir les trajectoires professionnelles ont conduit à instaurer des exceptions et dispositifs favorisant la flexibilité et l’ambition des salariés. France Travail, le successeur de Pôle emploi, ainsi que l’ACOSS et la Caisse d’Allocations Familiales, portent une attention particulière à l’accompagnement et au suivi des demandeurs d’emploi, proposant des conseils, formations et orientations adaptées.
Les cas où la démission ouvre droit au chômage
Bien que rares, certains cas de démissions ouvrent droit à l’allocation chômage. Ces situations, appelées démissions légitimes, sont explicitement listées par la réglementation et validées par France Travail. Elles concernent notamment :
- Le déménagement du salarié pour suivre son conjoint muté professionnellement.
- La démission liée à un non-paiement des salaires ou à des conditions de travail harcelantes.
- La démission consécutive à la création ou la reprise d’une entreprise, sous conditions.
- La démission pour reconversion professionnelle validée par un conseil en évolution professionnelle (CEP).
Ces cas sont étudiés avec rigueur par l’Union Nationale des Syndicats autonomes et les commissions paritaires régionales (CPIR), qui valident souvent la réalité et la gravité des situations.
Type de démission | Condition clé | Organisme évaluateur | Indemnisation possible |
---|---|---|---|
Déménagement pour suivi de conjoint | Mutation professionnelle du conjoint | France Travail | Oui |
Création/reprise d’entreprise | Projet validé par CPIR et CEP | CPIR, CEP | Oui, sous conditions |
Conditions de travail insupportables | Preuve de harcèlement/non-paiement | France Travail | Oui |
Reconversion professionnelle | Validation au CEP | CEP | Oui |
Connaître ces cas est essentiel pour toute personne envisageant de quitter son emploi. Les organismes comme l’APEC pour les cadres, Cap Emploi pour les personnes en situation de handicap, ou la Mission locale pour les jeunes, peuvent également aider à orienter et valider des projets professionnels cohérents afin de maximiser ses chances d’obtenir le chômage après démission.

La démission pour création ou reprise d’entreprise : un levier possible avec l’aide de l’ARE
Depuis la loi Macron entrée en vigueur le 1er novembre 2019, le dispositif permettant la démission suivie d’indemnisation chômage a pris une nouvelle dimension. Ce texte a ouvert une porte essentielle pour favoriser la mobilité professionnelle et soutenir les entrepreneurs en herbe.
Le principe est simple : un salarié en CDI ayant cumulé cinq années d’activité salariée peut démissionner pour créer ou reprendre une entreprise, et si son projet est reconnu sérieux et viable, il peut bénéficier de l’allocation de retour à l’emploi. Cette indemnisation est un coup de pouce crucial pour sécuriser sa période de lancement et limiter les risques financiers.
Les étapes incontournables pour bénéficier de ce droit à l’ARE
- Constitution d’un projet solide : il doit être présenté au conseil en évolution professionnelle (CEP) qui vous guidera et validera la démarche.
- Dépôt d’une demande de validation : après avis favorable du CEP, le dossier est soumis à la commission paritaire régionale (CPIR), mandatée par la Fédération des Entreprises de France et les syndicats pour certifier le sérieux du projet.
- Délai de six mois : après validation, vous disposez de six mois pour effectuer votre démission.
- Inscription à France Travail : pour activer vos droits, il faut vous inscrire comme demandeur d’emploi dans les 12 mois suivant la fin du contrat.
Ce parcours exige du temps et un engagement ferme, mais il constitue un levier puissant pour transformer une idée entrepreneuriale en réalité. Nombre de créateurs soutenus par Demos ou accompagnés par l’APEC témoignent de ce dispositif qui leur a permis de traverser sereinement la phase critique de développement initiale.
Condition | Description | Organisme impliqué |
---|---|---|
5 ans d’activité salariée | Minimum d’expérience pour ouvrir droit à l’ARE | France Travail, ACOSS |
Validation du projet | Avis du CEP et attestation CPIR | CEP, CPIR |
Démission après validation | Signature et dépôt de la démission | Employeur, France Travail |
Inscription dans délai | Inscription à Pôle emploi/France Travail dans les 12 mois | France Travail |
En appui, la Mission locale et la CAF peuvent également offrir des conseils sur la gestion des ressources et les aides complémentaires pour maintenir un équilibre financier pendant cette période de transition.
Démission en cours d’indemnisation : quelles sont les règles pour toucher à nouveau le chômage ?
Un autre cas intéressant concerne la situation où un salarié démissionne alors qu’il bénéficie déjà d’une indemnisation chômage. Le cumul entre une démission et le droit à indemnité peut paraître paradoxal, mais la règlementation a prévu quelques scénarios précis.
France Travail reconnaît que les ruptures volontaires de contrats à court terme, notamment les petits contrats précaires, ne doivent pas pénaliser outre mesure le bénéficiaire. Ainsi, il est possible de continuer à toucher l’assurance chômage dans ces cas syndicaux suivants :
- Moins de 65 jours travaillés (455 heures) depuis l’ouverture des droits actuels : si l’activité salariée est minimale, la protection reste active.
- Contrats de moins de 8 jours calendaires : ces très courtes missions n’impactent pas les droits à indemnisation.
- Retour d’activités en dessous de 17 heures hebdomadaires : une activité ultra-réduite ne bloque pas non plus le versement des allocations.
Ces règles, souvent complexes à maîtriser, sont essentielles pour qui cherche à sortir d’une précarité sans impact brutal sur ses ressources. L’ACOSS, via ses données sur la gestion des cotisations, aide à éclairer la continuité et la cohérence du suivi des droits sociaux.
Situation | Critère | Impact sur indemnisation |
---|---|---|
Moins de 65 jours travaillés | 455 heures maximum | Maintien des droits ouverts |
Contrats très courts | Durée inférieure à 8 jours | Droits non affectés |
Activité inférieure à 17h/semaine | Temps de travail réduit | Indemnisation conservée |
Ces cas illustrent la flexibilité croissante du régime d’assurance chômage pour s’adapter aux nouvelles réalités professionnelles, qu’il s’agisse de missions ponctuelles, d’intérims ou de cumul d’emplois marginaux.

Le rôle de l’instance paritaire régionale (IPR) dans le réexamen des demandes de chômage après démission
Lorsque le salarié démissionnaire ne rentre dans aucune des catégories ouvrant droit automatique au chômage, une procédure complémentaire peut être engagée : le réexamen de la demande par l’instance paritaire régionale (IPR). Cette étape est une source de recours importante et montre un aspect humain et équitable du système.
La commission, composée de représentants des employeurs, des syndicats comme l’Union Nationale des Syndicats autonomes, examine en profondeur le dossier, notamment si la demande de chômage initiale a été refusée. Mais cette démarche n’est possible qu’après un délai de carence de 121 jours sans allocation.
Les conditions cumulatives pour un réexamen favorable
- Avoir passé au moins 121 jours sans percevoir d’indemnité.
- Avoir cherché activement un emploi pendant ces quatre mois.
- Fournir des preuves concrètes des démarches d’embauche (candidatures, entretiens, formations).
Le réexamen par l’IPR peut ainsi aboutir à l’attribution de l’ARE à compter du cinquième mois suivant la démission, permettant à ceux qui rencontrent des difficultés de rebondir sans rester dans la précarité.
Condition | Nature | Impact sur compensation chômage |
---|---|---|
121 jours sans indemnité | Délai obligatoire avant réexamen | Débloque l’accès au chômage |
Recherche active | Efforts prouvés pour retrouver un emploi | Crucial pour validation |
Justificatifs de candidatures | Dossiers et preuves documentées | Permet acceptation du dossier |
Cette procédure reflète l’esprit de responsabilité partagée entre salariés, employeurs et organismes sociaux, tel que défendu par la Fédération des Entreprises de France. Elle valorise la volonté de réinsertion sociale et professionnelle au-delà des seuls cadres stricts administratifs.
Démarches et conseils pour démissionner en sécurisant ses droits au chômage
Comprendre ses droits ne suffit pas pour s’assurer une transition fluide entre emploi et chômage. Un accompagnement concret passe aussi par la maîtrise des démarches administratives et la constitution d’un dossier solide.
Voici les étapes clés à suivre lorsque vous envisagez de démissionner en visant à bénéficier des allocations chômage :
- Contactez un conseiller du CEP dès que votre idée de démission mûrit, pour évaluer la pertinence de votre projet.
- Préparez un dossier complet, avec preuves de votre projet, lettres de motivation, plans financiers, etc.
- Soumettez votre demande de validation à la CPIR, en prenant en compte les délais et procédures locales.
- Formalisez votre démission uniquement après validation, pour éviter un rejet automatique par France Travail.
- Inscrivez-vous rapidement à France Travail après la rupture, pour éviter la perte de droits.
- Participez aux entretiens obligatoires avec votre conseiller.
- Actualisez mensuellement votre situation sur la plateforme de France Travail.
En parallèle, il est conseillé de consulter des organismes spécialisés tels que l’APEC pour les cadres, Cap Emploi pour les salariés en situation de handicap ou la Mission locale pour les jeunes, qui apportent une expertise précieuse sur les droits et dispositifs actuels.
Étape | Action recommandée | Organisme ressource |
---|---|---|
Contact CEP | Préparer et valider projet | Conseil en évolution professionnelle |
Dépôt CPIR | Validation formelle du projet | Commission paritaire régionale |
Démission | Envoyer lettre à employeur | Service RH, employeur |
Inscription | Inscrire à France Travail | France Travail |
Enfin, si votre dossier est rejeté, n’oubliez pas que vous pouvez solliciter un réexamen auprès de l’IPR, ce qui laisse une dernière chance d’accéder à l’aide financière.
Les impacts des récentes réformes sur la démission et le chômage
Les évolutions législatives récentes, notamment la loi Macron et la transformation de Pôle emploi en France Travail, ont profondément modifié l’accès au chômage après démission, pour tendre vers un équilibre entre responsabilité individuelle et solidarité collective.
Face à un marché du travail de plus en plus volatil, marqué par une montée des activités indépendantes et des reconversions fréquentes, ces réformes visent à :
- Faciliter la mobilité professionnelle et encourager l’entrepreneuriat.
- Réduire les situations de précarité liées à des départs non anticipés.
- Renforcer l’accompagnement personnalisé par des acteurs comme Demos ou la Mission locale.
D’après une étude récente, plus de 15 % des salariés envisagent une reconversion ou un projet entrepreneurial dans les cinq prochaines années, ce qui souligne la pertinence d’un système d’assurance chômage flexible.
Réforme | Objectif principal | Impact sur les salariés |
---|---|---|
Loi Macron (2019) | Création d’un droit au chômage démissionnaire pour projet pro | Ouverture de droits pour créateurs/repreneurs |
Transformation Pôle emploi > France Travail | Renforcement de l’accompagnement | Soutien personnalisé et suivi renforcé |
Renforcement rôle CPIR | Validation projets professionnels | Meilleure reconnaissance des projets |
Ces changements sont accueillis favorablement par la Fédération des Entreprises de France et les syndicats, qui voient une opportunité pour libérer les initiatives sans trahir la solidarité interprofessionnelle.
Précautions à prendre avant de démissionner pour ne pas perdre ses droits
Pour limiter les risques lors d’une démission, il convient de bien se préparer afin d’éviter des situations de précarité longues et déstabilisantes. Voici une liste conseillée à garder en tête :
- S’assurer que la durée d’activité salariée cumulée atteint 5 ans pour être éligible au chômage démissionnaire.
- Réaliser un bilan de compétences auprès d’un organisme agréé, par exemple avec le soutien de la Mission locale ou d’APEC.
- Ne pas démissionner avant d’avoir validé son projet auprès du CEP et obtenu l’attestation CPIR quand c’est nécessaire.
- Connaître précisément les délais d’inscription et de carence auprès de France Travail.
- Veiller à documenter méticuleusement toutes les démarches de recherche d’emploi ou de suivi de projet.
- Consulter régulièrement les recommandations officielles de l’ACOSS pour être à jour sur les cotisations et droits.
Une anecdote tirée d’une expérience réelle révèle qu’un salarié ayant voulu quitter son emploi impulsivement s’est vu privé de toute indemnisation pendant plusieurs mois, créant un stress financier majeur. En revanche, ceux qui ont pris le temps de se renseigner et suivre les bons conseils ont réussi à exercer leur liberté de départ avec une sécurité assurée.
Précaution | Conséquence d’une erreur | Solution recommandée |
---|---|---|
Validation du projet avant démission | Perte de droits au chômage | Consultation CEP, CPIR |
Immobilisme post-démission | Délai d’attente long sans indemnisation | Demande de réexamen à l’IPR |
Inscription tardive à France Travail | Perte de droits acquis | Action rapide après départ |
En définitive, la clé réside dans une démarche anticipée et méthodique, en s’appuyant sur les organismes et structures expertes.

Devenir entrepreneur après démission : comment le chômage peut soutenir la création d’entreprise
La transition vers l’entrepreneuriat est un défi majeur qui suscite autant l’excitation que les inquiétudes. La possibilité de percevoir l’allocation chômage après une démission pour lancer son activité constitue une véritable bouffée d’oxygène.
En effet, bénéficier de l’ARE dans cette période permet de conserver un filet de sécurité indispensable, surtout lorsque les revenus générés par la nouvelle entreprise sont encore faibles ou inexistants. Cette aide réduit les risques économiques et favorise la prise d’initiative.
Les dispositifs complémentaires à connaître
- ACRE (Aide aux créateurs ou repreneurs d’entreprise) : exonérations de charges sociales pendant un an.
- Prêts d’honneur : proposés par des réseaux comme Initiative France, soutenant financièrement au démarrage.
- Accompagnement et formation : avec l’aide de Demos ou de la Fédération des Entreprises de France pour maîtriser la gestion.
- LAuto-Entrepreneur : simplification administrative, accessible après validation projet.
Ces dispositifs fonctionnent souvent de concert, créant un écosystème favorable aux porteurs de projet. Récemment, un jeune entrepreneur accompagné par la Mission locale et bénéficiaire d’une indemnisation chômage a pu développer une activité locale iconique tout en améliorant son autonomie financière.
Dispositif | Objectif | Bénéficiaires |
---|---|---|
ARE | Maintien revenu initial pendant création | Salarié démissionnaire validé |
ACRE | Exonération charges sociales | Créateurs/repreneurs d’entreprise |
Prêts d’honneur | Soutien financier au démarrage | Entrepreneurs |
Demos et formations | Développement compétences entrepreneuriales | Demandeurs d’emploi et créateurs |
Ce soutien pluridimensionnel traduit une prise en compte plus humaine et dynamique des besoins réels des futurs chefs d’entreprise.
FAQ : questions fréquentes sur la démission et le chômage
- Q : Puis-je toucher le chômage si je démissionne pour suivre mon conjoint muté ?
R : Oui, ce type de démission est reconnu comme légitime et ouvre droit à l’ARE, sous réserve de justification. - Q : Quels organismes m’accompagnent dans mon projet de reconversion professionnelle ?
R : Le Conseil en évolution professionnelle (CEP), l’APEC pour les cadres, Cap Emploi pour les salariés en situation de handicap, et la Mission locale pour les jeunes sont vos partenaires privilégiés. - Q : Que faire si France Travail refuse mon indemnisation après démission ?
R : Vous pouvez demander un réexamen de votre dossier auprès de l’instance paritaire régionale (IPR) après avoir attendu 121 jours sans indemnité et prouvé votre recherche active d’emploi. - Q : Quelle est l’importance de bien préparer sa démission ?
R : Une démarche anticipée permet d’éviter la perte de droits et de sécuriser votre transition professionnelle, en s’appuyant sur les validations du CEP et de la CPIR. - Q : Comment puis-je bénéficier de l’ARE en créant mon entreprise ?
R : Il faut avoir cinq ans d’activité salariée, un projet validé par le CEP, une attestation de la CPIR, puis démissionner et s’inscrire à France Travail dans les délais impartis.