Comment obtenir une augmentation de salaire ?
L’augmentation de salaire est un sujet récurrent pour de nombreux salariés, notamment en période d’inflation comme celle que nous connaissons actuellement. Alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, il est normal de vouloir voir sa rémunération progresser en parallèle pour maintenir son pouvoir d’achat. Pourtant, demander une augmentation n’est pas toujours chose aisée. Entre appréhension, peur d’un refus et difficulté à se valoriser, beaucoup renoncent avant même d’avoir essayé.
Pourtant, l’année 2024 semble être le bon moment pour oser aborder le sujet avec son employeur. Face à une inflation galopante et à des prévisions de croissance au ralenti, de nombreuses entreprises envisagent d’augmenter les salaires de leurs collaborateurs. Alors, comment s’y prendre pour obtenir gain de cause ? Quels sont les bons arguments et le bon timing ? Découvrez dans cet article rédigé par un expert RH toutes les clés pour réussir à négocier une augmentation en 2024 !
Les raisons d’y croire pour 2024
Commençons par une bonne nouvelle : les augmentations de salaire devraient être plus fréquentes en 2024 ! En effet, face à une inflation estimée autour de 5% sur l’ensemble de l’année par la Banque de France, de nombreuses entreprises prévoient d’accorder des hausses de rémunération à leurs collaborateurs.
Une inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat
L’inflation rogne significativement le pouvoir d’achat des ménages depuis la mi-2021. Avec une hausse généralisée du coût de l’énergie, des produits alimentaires, des services mais aussi des loyers, le budget des français est sous pression. Résultat : la demande de revalorisation salariale est forte du côté des salariés. Une récente étude menée par le cabinet de recrutement Robert Half révèle ainsi que 78% des sondés aimeraient que leur employeur augmente les salaires en proportion de l’inflation.
Des prévisions de hausse autour de 4%
Face à ce contexte très particulier, les experts estiment que les augmentations devraient être plus généralisées qu’à l’accoutumée en 2024:
- Le cabinet de conseil en RH People Base CBM prévoit une enveloppe moyenne d’augmentation de salaire de +4,1% en 2024
- Deloitte anticipe une hausse de 4% de la masse salariale des entreprises françaises
- Le spécialiste de l’actuariat et du conseil Willis Towers Watson (WTW) envisage +4,1%
- Le cabinet de recrutement Alixio parie sur 4,4% d’augmentation en moyenne
Des chiffres bien supérieurs aux augmentations habituellement constatées les années précédentes, comprises entre 2 et 3% en moyenne.
Choisir le bon moment pour négocier son augmentation
Augmentation rime avant tout avec négociation. Il est donc essentiel de soigner votre approche si vous souhaitez obtenir gain de cause. Premier élément clé : le timing ! Sauter le pas au bon moment peut faire pencher la balance de votre côté.
Lors de l’entretien annuel d’évaluation
Pour de nombreux salariés, l’entretien annuel représente LE moment idéal pour aborder le sujet de sa rémunération avec son manager. Ce tête-à-tête est l’occasion de faire le bilan de vos réalisations sur l’année écoulée et de discuter perspectives. Vous pourrez facilement mettre en avant votre implication, vos résultats ou encore vos réussites pour justifier votre demande.
Attention cependant à ne pas dénaturer l’objectif premier de votre entretien qui est de réaliser votre évaluation. Certains experts recommandent d’ailleurs de dissocier clairement les deux sujets en demandant un second rendez-vous dédié uniquement à la question de votre salaire. A vous de voir quelle option vous semble la plus appropriée selon la culture de votre entreprise.
Après une promotion ou de nouvelles responsabilités
Prendre de nouvelles fonctions ou passer à un poste supérieur constituent également des moments propices pour discuter salaire. Il peut en effet sembler légitime de demander un ajustement de sa rémunération lorsque votre rôle, vos missions ou votre charge de travail évoluent au sein de l’entreprise. Sachez d’ailleurs qu’une promotion ne s’accompagne pas automatiquement d’une augmentation ! N’hésitez donc pas à défendre votre cause.
Dans le sillage d’une performance remarquable
Vous sortez d’un projet qui s’est avéré être un franc succès ? Vous venez de décrocher un gros contrat pour votre société ? Vous avez dépassé vos objectifs commerciaux ? Autant de situations où vous disposez d’arguments de poids pour justifier votre requête. Surfez sur la vague du succès en discutantrapidement augmentation avec votre manager.
3 arguments imparables pour convaincre
Lorsque vous demandez un rendez-vous pour évoquer la question de votre salaire, mieux vaut vous munir de solides arguments. Voici 3 éléments qui peuvent faire mouche face à votre employeur ou aux ressources humaines :
Votre contribution récente à la performance et aux résultats
Que ce soit une belle affaire décrochée, un objectif dépassé ou la réussite d’un projet, mettre en avant votre implication et vos derniers accomplissements sont vos meilleurs atouts. Illustrez votre propos de chiffres et de données concrètes autant que possible en mentionnant par exemple les revenus ou économies réalisées pour l’entreprise grâce à vous.
Des responsabilités qui ont évolué
Vous managez désormais une équipe que vous ne dirigiez pas auparavant ? Vous avez saisi l’opportunité du départ d’un collègue pour endosser des missions supplémentaires ? Ce changement dans votre périmètre peut légitimement impliquer une revalorisation salariale. Expliquez clairement les nouvelles cordes que vous avez ajoutées à votre arc pour démontrer votre polyvalence.
Votre rémunération inférieure au marché
Si vous estimez que votre salaire actuel est en dessous des standards du secteur, vous détenez un argument de taille. Appuyez-vous sur des études salariales récentes ou des offres d’emploi de postes équivalents pour objectiver votre propos. L’idée ? Signifier diplomatement à votre employeur qu’il a tout intérêt à vous verser une augmentation pour éviter que vous ne cherchiez à mettre votre expertise au service de la concurrence…
Quel pourcentage d’augmentation demander ?
Autre question clé : quel montant d’augmentation viser lors de vos négociations avec votre manager ? Sur ce point, inutile d’être trop gourmand sous peine de vous voir opposer une fin de non-recevoir. Voici quelques repères pour vous guider :
- Entre 2% et 5% pour une augmentation « »classique » »
- Jusqu’à 10% si votre salaire est très en dessous du marché
- Maximum 15% en cas de promotion avec changement de statut
Si vous demandez un pourcentage très élevé, motivez-le par des éléments factuels et objectifs. Et préparez une marge de négociation en réclamant quelques points de plus que le montant que vous espérez réellement obtenir au final. Votre employeur cherchera probablement à revoir votre requête à la baisse…
Attention aux pièges à éviter !
Pour optimiser vos chances d’augmentations, certaines erreurs sont impératives à ne pas commettre. Les voici :
Ne pas improviser
Une demande d’augmentation salariale doit se préparer en amont et ne pas être formulée à la va-vite entre deux portes. Prenez le temps de lister vos arguments, de vous entrainer devant votre miroir… Bref, répétez votre « »pitch » » pour gagner en assurance le jour J.
Eviter tout reproche ou dénigrement
Même si vous pensez que votre travail n’est pas assez valorisé depuis longtemps, gardez-vous de tout commentaire négatif. Concentrez-vous sur le futur et non sur des potentiels griefs du passé qui braqueraient votre interlocuteur.
Ne pas exiger de montant excessif
On l’a vu, inutile de voir trop grand sous peine de manquer de crédibilité aux yeux de votre manager. Privilégiez des requêtes mesurées, étayées par des données concrètes, en prévoyant une marge de négociation.
Ne pas harceler son responsable
En cas de refus d’augmentation après votre premier entretien, ne repartez pas immédiatement au combat. Fixez plutôt un second rendez-vous quelques mois plus tard pour réitérer votre demande. À condition bien sûr de ne pas givrer les relations avec votre supérieur par un comportement trop insistant.
Les alternatives à une augmentation « »sèche » »
Une augmentation de votre salaire fixe n’est pas la seule option qui s’offre à vous. En effet, d’autres types de compensation financière peuvent constituer un bon compromis :
- Prime exceptionnelle (type prime Macron) : versement ponctuel défiscalisé
- Intéressement : prime annuelle indexée sur les résultats de l’entreprise
- Participation aux bénéfices : partage des profits selon des modalités prédéfinies
- Stock options : option pour acheter des actions de son entreprise à un prix fixé à l’avance
- Augmentation des tickets restaurant ou mise en place d’autres avantages (mutuelle, prévoyance…)
De telles alternatives peuvent constituer un bon compromis à votre demande d’augmentation « »sèche » » de votre salaire mensuel. Elles sont intéressantes à la fois pour vous et votre employeur. N’hésitez donc pas à les placer sur la table des négociations !
Quid des augmentations automatiques ou obligatoires ?
Dans certains cas bien précis, une hausse de salaire revêt pourtant un caractère automatique ou quasi-obligatoire pour les employeurs.
La revalorisation annuelle du Smic
Chaque année au 1er janvier, le montant du salaire minimum de croissance (Smic) est revalorisé automatiquement sur décision gouvernementale pour s’adapter à l’évolution des prix. Un coup de pouce supplémentaire peut même être décidéexceptionnellement pour soutenir le pouvoir d’achat. Ce fut le cas à plusieurs reprises en 2022 du fait d’une inflation persistante.
Des négociations de branche dans certains secteurs
Dans quelques secteurs comme la restauration ou l’hôtellerie, des négociations au niveau de la branche professionnelle entre organisations patronales et syndicats mènent parfois à des revalorisations collectives. Ce fut le cas en 2022 dans la restauration où des hausses de 8 à 15% ont été décidées pour faire face à des difficultés de recrutement.
Après une promotion : vrai dans la fonction publique
Dans le secteur public, à la différence du privé, une promotion s’accompagne systématiquement d’un gain indiciaire, donc d’une revalorisation salariale. La règle veut en effet qu’à un changement de grade ou de corps soit associée une augmentation du traitement. Un principe intangible dans la fonction publique que les employeurs publics ne sauraient contourner.
Comment négocier son salaire ? 7 étapes clés
Passer à l’action pour augmenter son salaire est une chose. Encore faut-il bien manoeuvrer pour se donner toutes les chances de réussite le jour J. Découvrez ci-dessous les 7 étapes indispensables pour mener à bien vos négociations.
1. Fixer un rendez-vous dédié
La première étape consiste à obtenir un entretien avec votre manager… mais pas n’importe comment ! Inutile en effet de débarquer dans son bureau sans prévenir et de lui asséner votre requête entre deux portes. Prenez plutôt le soin de solliciter un rendez-vous à son agenda pour traiter spécifiquement de votre rémunération. Vous marquerez ainsi des points par votre sens du respect et votre professionnalisme.
2. Préparer ses arguments
Comme expliqué précédemment, vous devrez étayer votre demande d’éléments concrets et factuels : résultats obtenus, nouvelles compétences, responsabilités élargies… Passez en revue vos principales réalisations marquantes pour en sélectionner 3 à 4 qui légitiment votre requête. Entrainez-vous à les présenter oralement avant le grand jour pour gagner en assurance.
3. Se fixer un objectif de gain clair
Quel pourcentage d’augmentation visez-vous dans l’idéal ? Cette donnée, vous la garderez secrète. Mais il est indispensable de la déterminer à l’avance pour 1/ calibrer votre demande officielle à la hausse et 2/ juger si le résultat final des négociations vous convient.
4. Évaluer sa marge de négociation
En prenant en compte l’objectif secret que vous vous êtes fixé, prévoyez une marge de négociation.